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« Tous les communistes locaux n’étaient pas coulés dans le même moule loin de là. En dehors des dirigeants de valeur comme Roulot, Froissart, Fourré, qui assimilaient la ligne générale fixée par les hautes instances pour tenter de la réaliser le mieux possible dans la pratique, il y avait les sectaires qui, tranchant dans leurs idées, se coupaient des gens et contribuaient à isoler le parti ; d’autres, taxés parfois d’opportunistes, avaient surtout souci de l’efficacité. Ils savaient se lier au milieu n’hésitant pas à composer, à se montrer sous un jour agréable pour mieux faire accepter ce qu’ils avaient à proposer. Cela faisait des organisateurs, de bons administrateurs, d’excellents maires et conseillers généraux. Le parti faisait appel à eux quand ses finances étaient en détresse – ce qui arrivait souvent malgré l’apport, supposé par nos adversaires, de roubles venant de Moscou. André DURAND faisait et fait encore partie de cette catégorie ainsi qu’Auguste Flamand qui fut un remarquable conseiller municipal d’Auxerre et Didelot de la CGT qui fut directeur de la sécurité sociale. Instituteur à Auxon, hameau perdu du Morvan, André Durand avait provoqué un incident au dépouillement du scrutin des législatives qui allaient donner la victoire au Front Populaire (26 avril 1936). Le président du bureau de vote avait proclamé les résultats suivants : Pierre Etienne Flandin 23 voix – le socialiste 23 voix – l’Agrarien 1 voix.Q C’est alors que Durand se leva pour protester : son bulletin n’avait pas été comptabilisé puisqu’il n’avait voté pour aucun de ces trois candidats – Gros émoi. On fouille dans l’urne et l’on découvre effectivement le bulletin oublié, c’était un vote communiste, le premier ici. Un paysan connu pour ses idées de gauche s’approche alors d’André et lui dit : " Fallait me le dire que voterais ainsi – Tu n’aurais pas été le seul ! " Quelques semaines après, ils étaient tous les deux à Saint Léger Vauban chez Louis et Maria Valtat où se forma la première cellule communiste de la région d’Avallon. André mobilisé, fit son devoir comme nous tous. Fait prisonnier, il porta la bonne parole face à la propagande Pétain dans le stalag. Nommé à Épineuil, près de Tonnerre il fut élu conseiller général du canton. Très attaché au vignoble, il a bien assimilé le patois coloré des vignerons d’autrefois. Grâce à ses qualités humoristiques et à ses dons littéraires qui s’exprimèrent dans des chroniques de fond, mais d’une forme comique, digne de Fernand Clas, parues dans les différents organes locaux du PCF, il eut pu faire un excellent écrivain de terroir. Il a préféré se consacrer à la renaissance d’un vignoble de qualité sur le territoire de sa commune. Source : Occupation hitlérienne et résistance dans l’Yonne (Robert BAILLY)
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